Le Bordelais Luc Lacoste est devenu samedi le nouveau président de la FFR XIII, la fédération française de rugby à XIII.Sa liste a décroché 23 des 24 sièges à pourvoir. À 54 ans, cet investisseur qui vit à Paris, succède à Marc Palanques qui ne se représentait pas. Il arrive dans le monde du treize avec un regard neuf, lui qui a été dirigeant de l’USAP, un club quinziste. Luc Lacoste veut relancer cette discipline et conquérir de nouveaux territoires. Explications.
Comment avez-vous découvert le rugby à XIII ?
Je l’ai découvert en 2014 alors que j’étais vice-président de l’USAP. Je suis allé voir un match des Dragons catalans. Je crois que je m’en rappellerai toute ma vie. Je me suis dit : waouh, c’est quoi ce truc ? Il y a la vitesse, les impacts… c’est juste un sport magnifique. Et puis, après avoir quitté l’USAP quelques années plus tard, des gens du XIII m’ont approché. Ils m’ont demandé des conseils. Et après pas mal d’échanges, ils m’ont proposé de me porter candidat à la fédération. Après réflexion, je me suis lancé.
Quelle va être votre priorité ?
Il y en a plusieurs. D’abord faire des états généraux des clubs, si le Covid le permet, à la mi-février. La première des choses, c’est de remettre du sang dans les veines.À l’issue de ces états généraux qui impliqueront les clubs, les ligues, les comités, l’arbitrage et les partenaires économiques, nous allons définir les actions à mener. Ensuite, il y a les équipes de France et la Coupe du monde 2 021. Cette équipe, c’est notre vitrine. L’ambition c’est de ne pas être ridicules à la Coupe du monde et de passer le premier tour. Nous allons programmer des matchs de préparation. Nous avons déjà des contacts pour essayer de faire des test-matches avec de belles nations. À terme, notre objectif sera de créer des produits. Les médias s’intéresseront à notre sport si nous avons quelque chose à leur proposer. Ce sport est magique, il doit avoir un autre retentissement.
Comme rendre le championnat d’Elite plus attractif ?
Les sports qui se développent sont ceux qui se rapprochent des grandes villes. Nous aurons une politique assez offensive. Nous avons déjà des clubs à Marseille, Montpellier, Lyon-Villeurbanne, des féminines à Bordeaux. On peut commencer à bâtir des choses. Il faut une politique territoriale pour élargir notre championnat. Nous voulons passer de dix à douze clubs en Elite 1 mais pas n’importe comment. On doit réussir à professionnaliser notre championnat, mais il ne suffit pas d’appuyer sur un bouton.
Avez-vous des projets avec la télévision ?
Le championnat est diffusé sur Via Occitanie qui fait du bon boulot. On va d’abord travailler sur les matchs de l’équipe de France. J’ai à mes côtés Gilles Estay qui a l’habitude de travailler avec Bein sports. Il sera en charge de cette partie au sein de la fédération. Mais attention, il ne suffira pas d’un coup de baguette magique.
L’équipe de France pourra-t-elle bénéficier des meilleurs joueurs des Dragons et du Toulouse Olympique ? Cela n’a pas toujours été le cas.
Les deux présidents Bernard Guash et Bernard Sarrazain ont soutenu notre campagne. Dans mes interventions, j’ai dit que nous avions besoin des Dragons et du TO qui sont les principaux fournisseurs de joueurs pour l’équipe de France. Il nous faut un contrat gagnant-gagnant avec nos deux meilleurs clubs. Ils savent que nous avons besoin d’eux pour la Coupe du monde 2 021 mais nous pouvons aussi construire des choses ensemble.Comment allez-vous faire pour réconcilier le monde du XIII qui s’est souvent déchiré par le passé ?
Je crois sincèrement que l’ensemble du XIII a la capacité à se réunir. Une partie du chemin a été faite à travers l’élection de notre liste. Ce n’est pas Luc Lacoste qui va changer les choses tout seul. Je n’aurai de cesse de dire pendant les quatre années de notre mandat qu’il faut oublier les rancœurs du passé. Les guéguerres ne m’intéressent pas. Quand je vois tous les messages de soutien reçus depuis samedi, cela me donne de l’espoir même si le chantier est immense.
Êtes-vous favorable au centre national du XIII qui doit voir le jour à l’Alzonne dans l’Aude ?
J’ai toujours dit que j’y étais favorable. J’ai eu le maire d’Alzonne et je lui ai confirmé. Les collectivités et l’Etat font un effort conséquent pour le financement des travaux mais derrière il y a l’exploitation de l’équipement. Il nous faut la certitude que nous n’aurons pas de déficit structurel.
Le siège de la fédération a quitté Paris pour Carcassonne. Va-t-il revenir dans la capitale ?
Pour l’instant, le siège reste à Carcassonne. Le transfert n’est pas une urgence. Je vis à Paris, et s’il faut être présent sur des événements, rencontrer des sponsors, cela ne me posera pas de problème. Il n’est pas nécessaire d’avoir un bâtiment. Ce qui est sûr, c’est qu’on doit s’appuyer sur nos clubs de la région parisienne pour mener une politique de développement. En Ile-de-France, il y a des licenciés potentiels.
La candidature du TO n’a pas été retenue lundi par les dirigeants anglais pour intégrer la Super league dès 2021. Qu’en pensez-vous ?
J’ai adressé un message à Bernard Sarrazain. Je ne doute pas que le TO ira en Super League mais il y entrera par la plus belle des portes : celle du terrain. Bernard Sarrazain se bat pour ça avec toute son équipe. Avoir deux clubs français en Super League, ce serait une opportunité extraordinaire. Je sais que les dirigeants toulousains vont continuer à y travailler. La fédération sera à leurs côtés.Eric BERGER
Source La dépeche du midi du 15 decembre 2020